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ààààààààààààààààà"Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent / La plupart fils de rien ou bien fils de si peu / Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux"
En lisant les sites et blogs de divers mouvements anarchistes, on peut supposer qu'une bonne partie de ceux qui se retrouvent dans ces discours étaient dans les 18% qui se sont abstenus d'aller glisser un bulletin dans l'urne dimanche dernier.
S'il est difficile de donner tort à ceux qui considèrent les élections de cette année comme une affreuse mascarade, et dont la farandole médiatique n'est qu'une source de consternation, il serait bon de se demander si se tenir fermement à l'écart de l'isoloir est une méthode pertinente de contestation. Je ne parle pas là de nier la notion même de vote en général mais de la nier dans le contexte actuel. Doit-on absolument refuser de participer au "grand jeu" qui détermine les cinq prochaines années de notre pays sous prétexte que les dés nous paraissent pipés ?
Ce qui à mon avis paraît d'autant plus absurde et comique, c'est qu'alors que les rêveurs anarchistes renient les bulletins de vote, le FN, qui est censé être leur bête noire, fait un score de 18%. Drôle de façon de protester, non ? Les partisans du bleu Marine, eux, n'ont aucun problème à faire le déplacement, évidemment, et le fait que les anarchistes s'abstiennent de se rabattre par dépit sur un candidat de gauche ne doit certainement pas les déranger. Certains répondront qu'ils compensent leur abstention par un militantisme actif et un combat "dans la rue". Noble cause, certes, mais peut-être un brin sur-estimée en cette période où onze millions de français préfèrent se brancher sur TF1 pour dévisager inlassablement nos deux finalistes connus d'avance plutôt que de se renseigner sur les dates d'un prochain meeting "alternatif". Ne faudrait-il pas combattre sur tous les fronts, justement ? Que ceux qui s'abstiennent "par anarchie" quittent quelques secondes leur utopie (qui est aussi la mienne) et se demandent si un seul électeur de droite se sent gêné par le militantisme en question.
Pensez-vous qu'idéologie anarchiste et vote aux présidentielles de 2012 sont incompatibles ? Ou qu'au contraire s'abstenir est la pire façon de protester ? Les élections sont-elles un piège à cons (*) ? Avez-vous un drapeau rouge et noir accroché au-dessus de votre lit ? Dites-nous.
Matt
(*) : "Élections, piège à cons ?" est un pamphlet publié par Jean Salem il y a quelques semaines, qui traite de la question.
